Le projet de jardin intégrateur de l’école Les Prés-Verts : des fruits qui étonnent

Mon tout premier contact avec les serres Vireo, mon plus lointain souvenir, c’est la superbe serre pleine de vie qui m’a séduite au 33e Congrès de l’AQEP, au Centre des congrès de Québec, début décembre 2021. Toute cette verdure, la lumière, l’odeur et l’énergie m’ont d’abord attirée. Puis, je me suis renseignée sur le produit. La semence était dans ma tête. Ça a germé. J’ai eu l’idée de cultiver non seulement des légumes, mais des liens. Prendre soin du vivant, ça peut être un projet rassembleur. Je me suis dit qu’un projet commun pourrait peut-être briser l’isolement que j’avais observé chez les élèves des classes en de difficultés d’apprentissage. Ces enfants avaient le même âge que mes élèves, ils évoluaient dans la même bâtisse; pourtant, pas d’activités partagées, pas d’amitiés qui se développaient.

Comme les classes régulières et celles d’adaptation n’étaient pas à proximité dans l’école, j’ai rêvé d’obtenir deux serres. Identiques. Dont nous prendrions soin ensemble. C’était un rêve ambitieux, impliquant une facture élevée. 

Les sous… Il ne faut pas se laisser décourager par cette étape nécessaire du projet. La recherche de partenaires financiers n’a pas été si ardue ni si longue. Je me suis d’abord tournée vers un partenaire naturel des écoles, les Caisses Desjardins. J’y ai trouvé des humains. J’ai reçu beaucoup de support. Évidemment, il faut prendre le temps de définir, de structurer notre projet. Il faut ensuite prendre le temps de rédiger, de remplir des formulaires. Mais je ne regrette pas une seule seconde cette démarche. En effet, cette gestation m’a permis d’avancer avec une démarche très claire, des objectifs qui faisaient beaucoup de sens pour moi et plus je faisais des pas, plus j’avais envie de réaliser mon projet, maintenant nommé “Verdir les Prés”. 

Par la suite, je me suis tournée vers les fondations, vers nos élus locaux, vers les commerces entourant notre école. J’ai bien sûr essuyé des refus. Mais j’ai aussi obtenu du soutien financier et beaucoup d’encouragement de la part de la Fondation Le Petit Blanchon, de notre député Mario Asselin, qui a sollicité avec succès de nombreux collègues et la Fromagerie Des Rivières. Quand on reçoit autant d’aide, non seulement ça permet d’avoir les ressources matérielles pour concrétiser un rêve, mais ça nourrit aussi la petite plantule dans notre coeur, celle qui veut croire à la solidarité entre humains.

Nos serres ont été livrées à l’école en juin 2022. Nous avons reçu de l’aide de Vireo pour l’assemblage, un chantier réalisé avec tout un groupe-classe et quatre adultes, qui a duré un avant-midi.

Les vacances d’été ont été une période de dormance. Je me suis renseignée sur le produit, maintenant concret pour moi et j’ai continué de laisser germer les idées.

Dès la rentrée, les enfants ont exploré la serre, la plateforme en ligne et voté pour le choix des semences. Nous avons démarré la pouponnière tôt en septembre. Ce qui m’a étonnée à ce moment, c’est toute la place que les enfants pouvaient occuper dans le projet. Je me suis rendu compte qu’en 5e, ils sont capables de semer, de surveiller les semis, de noter leurs observations avec les outils de la plateforme, de transférer les semis dans les godets qu’ils auront identifiés, de remplir et entretenir le bac hydrique en mesurant régulièrement le ph et les PPM. C’est rapidement devenu LEUR SERRE.

Cet agréable constat s’est poursuivi tout au long de l’automne. Les enfants se sont montrés dégourdis, responsables, inventifs.

A student showing the lettuce he pulled out of the Vireo hydroponic garden

J’ai eu deux autres belles surprises. Laissez-moi vous raconter.

La première, c’est la satisfaction obtenue par la croissance des plantes. Ça se passe vite. Entendre des cris d’émerveillement un lundi matin, au seuil de la porte d’une classe, ça n’a pas de prix. Parfois même d’une journée à l’autre, nos bébés plantes se développent merveilleusement bien et vite. Les enfants éprouvent de la satisfaction de voir que leurs soins portent fruit. Cette satisfaction s’observe surtout en pouponnière, puis les jours précédant la récolte, quand les plants transforment la classe en jungle amazonienne, avec des feuilles grandes comme les mains des enfants.
La deuxième, c’est toutes les tentacules qui ont poussé spontanément autour de notre projet. L’idée de départ, c’était de faire un projet intégrateur qui briserait l’isolement entre des élèves de 5e régulière et des élèves en classes d’adaptation. Cet objectif est atteint. Mais en cours de route, les hasards de la vie et les cervelles pleines d’idées rattachées aux pouces verts des enfants ont été autant de bourgeons étonnants.

En octobre, nous avons accueilli Papi Gilles, le grand-père d’une élève venu témoigner de son implication bénévole dans une popote roulante, dans le cadre de notre thématique sur l’espoir et les groupes d’entraide. Eh bien, je me demande encore comment ça s’est passé, mais il s’est développé une collaboration avec sa popote, nos légumes donnés par un système de parrainage organisé sur la page Facebook de notre école. Des dizaines de légumes nous ont permis d’amasser des sous pour notre petite entreprise (que les enfants ont nommée “La vie en vert”) et de nourrir des personnes moins chanceuses. Notre deuxième récolte, nous l’avons en partie donnée au frigo-partage de Papi Gilles.

Puis, j’ai voulu remercier les partenaires financiers. J’ai proposé qu’on écrive une chanson. Eh bien, je me demande encore comment ça s’est passé, la chanson écrite par les enfants, chantée par les enfants a été montée en vidéo par les enfants. Ils étaient très fiers du produit final.

En décembre, toujours pour remercier les partenaires financiers et pour les informer du don que les enfants avaient fait, j’ai lancé l’idée d’un événement de presse. C’était risqué. J’ai pris le risque avec les enfants, en les prévenant que nous lancions des invitations mais que nous ignorions totalement quelle serait la réponse des médias. Les élèves ont tout fait: ils ont animé, chanté, présenté 12 aspects du projet et effectué une démonstration de récolte. Eh bien, je me demande encore comment ça s’est passé, mais nous avons eu droit à une capsule aux TVA nouvelles ce soir-là, à plusieurs articles de journaux et web dans Radio-Canada, Le Devoir et le journal local. Le 22 décembre, Mireille Roberge, de l’émission Première Heure, est venue animer en direct, juste à côté de notre serre. Euh, pardon. De LEUR serre.

Finalement, pendant l’hiver, nous avons effectué une troisième récolte en nous lançant le défi de ne produire aucun déchet. Mission accomplie.

Ce printemps, nous recevons un prix au Gala local du Défi OSEntreprendre du Centre de services scolaire de la Capitale. Notre projet entrepreneurial "Verdir les Prés: un projet nourrissant, intégrateur" remporte un prix qui nous y sera remis.

Voilà donc toutes les merveilles qui nous sont arrivées depuis qu’une petite graine a été plantée dans ma tête, en décembre 2021. Verdir les prés, c’est maintenant un plant mature, qui nous a apporté beaucoup de satisfaction et dont, je crois, le développement n’est pas terminé!

Longue vie à Verdir les Prés!


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