Des élèves motivés par un projet scolaire

Fabien Thibault enseigne à une classe de 20 élèves de 6e année à l’école Sacré-Cœur de Ferme-Neuve, une école primaire de 90 élèves, située dans les Laurentides. Dans cette région agroforestière, la plupart des habitant.e.s sont déjà fier.ère.s propriétaires de jardins ou de terres agricoles, à la maison ou dans les environs. Les jeunes générations connaissent donc déjà les rudiments de l’agriculture.

Au cours de l’année 2020, la classe de Fabien s’est préparée à la mise en place du projet de jardin pédagogique intérieur Vireo et attendait avec impatience l’arrivée du jardin hydroponique, prévue pour 2021. Étant excité.e.s à l’idée de débuter l’expérience, les élèves ont insisté pour commencer à faire pousser des plantes en terre, pour les transplanter plus tard dans le jardin hydroponique. Les résultats ont été au-delà des attentes : « Les premières pousses de kale ont rempli tout le jardin. Certaines feuilles étaient même plus grosses que nos têtes! Ça a poussé beaucoup plus vite qu’on pensait. »

L’enthousiasme des jeunes est admirable. Il.elle.s aiment être impliqué.es et sont fier.ère.s de participer à ce projet scolaire. Après la première récolte, il.elle.s ont présenté le projet et son résultat à toute l’école, puis il.elle.s ont préparé une recette expérimentale : « On a coupé le kale en morceaux, on a ajouté de l’huile et du sel pour le faire sauter. On a tenté de mettre du sucre à la place du sel, mais ça a brûlé, donc on en a juste mis après la cuisson. Chaque élève a pu repartir avec un plant et on en a fait goûter à toute l’école et à la maternelle de l’école voisine. » L’impact du projet s’est donc fait sentir en dehors des murs de la classe.

Expériences concrètes à l’école : un outil d’enseignement qui donne une voix aux élèves

Le jardin pédagogique Vireo est un outil qui laisse place à l’expérimentation et qui peut être adapté aux besoins et aux ambitions des utilisateur.trice.s, comme l’a si bien démontré la classe de Fabien Thibault, qui n’a pas hésité à entreprendre des expériences hors du commun. Les élèves se sont démarqué.e.s par leur débrouillardise et leur initiative.

« J’ai apporté des glands de chêne, mais personne ne savait comment les planter. J’ai fait des recherches sur Internet. Quand j’ai vu le premier commencer à pousser, j’ai été très réjoui. […] On a tenté l’expérience de recréer l’automne à l’intérieur en diminuant la luminosité. C’est comme ça que les feuilles des arbres rougissent. »

En misant sur l’expérience et le processus plutôt que sur le résultat et en apprenant des notions concrètes par essai-erreur, cela facilite la compréhension des élèves, développe leur autonomie et leur apprend la persévérance. La curiosité des élèves initie donc plusieurs types de projets. De plus, vivre un échec dans un contexte sécuritaire sensibilise les élèves à dédramatiser l’erreur. 

La classe a utilisé les outils fournis par Vireo à leur façon, en faisant pousser des semences de leur choix, en testant la plantation de diverses plantes en terre autant qu’en hydroponie, en transplantant des plantes dans l’un ou l’autre de ces milieux, en permettant aux plantes de se reproduire par propagation et par pollinisation, etc. En hiver, un élève a même déneigé des plants de fraises de son potager à la maison pour les replanter dans le jardin hydroponique.

« On les a mis dans la laine de roche. Quelque temps plus tard, il y a eu des feuilles et des fleurs. C’est vraiment extraordinaire qu’on ait eu des fleurs, parce que je ne pensais pas qu’on en aurait eu aussi vite que ça. […] Pour la pollinisation des fraises, on a pris un pinceau et on a fait le travail des abeilles, qui prennent le pollen et l’apportent à une autre fleur. Nous, on a pris le pollen avec un pinceau pour l’apporter de fraise en fraise. Notre autre projet est d’essayer de les replanter dans la terre. Je n’aurais pas pensé manger des fraises en plein hiver, parce que je ne pensais pas que les fraises pouvaient pousser dans l’eau. »

Les impacts d’un projet scolaire concret sur le milieu d’apprentissage et sur les élèves

 
Ce projet scolaire environnemental développe le sens de l’organisation et de la responsabilité des jeunes et encourage le travail d’équipe. Il.elle.s reconnaissent le travail de chacun.e et l’investissement qu’un tel projet demande, mais il.elle.s n’en sont que plus motivé.e.s et ressentent un sentiment d’appartenance et de fierté.

« On a eu une très belle récolte de fraises, tout ça grâce à Raphaël, qui a apporté les plants de fraises. C’est aussi grâce aux personnes de l’école qui s’occupent du jardin. On aime le jardin, on est curieux, ça sent bon. On vit l’été même en hiver, à l’intérieur. »

Un projet jardin à l’école peut s’intégrer au programme scolaire et ainsi lui donner encore plus de valeur. En même temps d’apprendre des notions scientifiques telles que le ppm et le pH qui permettent aux plantes de pousser dans la solution nutritive du jardin hydroponique Vireo, les élèves prennent conscience de leur entourage et comprennent l’importance du respect des autres et d’un environnement de travail propre et ordonné. En plus, en faisant des tests et en émettant des hypothèses, les élèves développent l’esprit critique, la logique et la méthode scientifique d’une manière concrète et engageante. En tenant un journal de leurs observations, les élèves détiennent un moyen stimulant d’exercer leurs habiletés en écriture et en lecture. Les possibilités d’activités éducatives et formatrices sont nombreuses!

« On est toujours en réflexion, en essai, en hypothèse. Ça ressemble à ça dans notre classe, en ce qui concerne le jardin Vireo. […] C’est se lancer qui fait peur. C’est avec de petits pas qu’on franchit la ligne. Il faut avoir le courage d’oser. De notre côté, nos projets viennent et vont. On en débute, on en abandonne. C’est notre propre
roadtrip », affirme Fabien Thibault. Aujourd’hui, le projet est toujours en place et continue d’évoluer au rythme des ambitions des élèves participant.e.s. Présentement, des plants d’aubergines, de tomates et de fraises poussent dans le jardin hydroponique.

Avant tout, les projets scolaires qui permettent aux élèves de relier les concepts théoriques aux réalités concrètes de leur quotidien donnent un sens aux apprentissages et les motivent. En mettant les élèves au centre de leur propre expérience scolaire, il.elle.s se sentent engagé.e.s et comme possédant un pouvoir d’agir, ce qui est très formateur pour leur confiance en soi et le développement de compétences sociales. Plus que tout, des expériences concrètes permettent également aux enseignant.e.s d’apprendre aux côtés des élèves et ainsi de créer des liens durables avec eux.elles. 

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